Ma vie professionnelle, le prequel : comment j'ai mis du beurre dans les coquillettes avec les jobs d'été ou les missions étudiantes
Des lutins à Cap 3000

Décembre 2000 ou 2001 : je suis à Cap 3000, centre commercial d’Antibes, avec 2 autres étudiantes de l’Edhec. Nous sommes dans un chalet en bois au milieu de la galerie marchande, habillées avec des robes ridicules à cerceaux et un bonnet long qui tient chaud. Nous échangeons les listes au Père Noël et les dessins des enfants contre des pommes d’amour ou des bonbons, deux fois par jour pendant 4 ou 5 jours.
Faisant partie de la classe moyenne, mes parents gagnaient trop pour que je sois boursière, mais pas assez pour financer plus que l’école et le restant du loyer (une fois les APL déduites). Ce qui est déjà un sacré budget, il faut l’avouer (merci Papa, merci Maman). Mais si je voulais manger autre chose que des pâtes, m'acheter des fringues et aller de temps en temps dans nos fameuses soirée open bar, je devais me débrouiller.
En école supérieure de commerce, l’emploi du temps est relativement chargé, les horaires changent d’une semaine à l’autre, la présence en TD est obligatoire et il y a régulièrement des travaux collectifs à rendre. Non, il ne suffit pas de payer pour avoir son diplôme!! BTW: l’absentéisme peut faire redoubler, c’est avéré. Dans ces conditions, c’est difficile voir impossible d’avoir un job étudiant classique, type temps partiel chez Mc Do.
Heureusement, une association étudiante, Jobs Edhec (Big Up les filles!), faisait office d'agence d'interim et s’occupait de mettre en relation les étudiants motivés pour travailler et les entreprises qui auraient des missions à leur confier. C’est ainsi que pendant deux ans et demi, j’ai réalisé différentes missions dont “lutin du Père Noël” à Cap 3000 !
Magnéto et Mc Do
Je me souvient notamment d’avoir enregistré sur un magnétophone modèle XL des numéros de plaques d’immatriculation à 8h du matin… Postés aux 4 coins d’un carrefour de Cannes aux heures de pointe, on dicte les numéros de plaque sur cassette et on réécoute le soir pour saisir les numéros sur papier. Cela permet d’étudier la circulation sur le carrefour en question avant de le réaménager.
Une autre fois, j’ai mené une enquête dans les bus niçois, pour connaître l’avis des passagers quant au futur tramway de la ville. Il m’est également arrivé d’être hôtesse dans un centre de séminaire : accompagner les personnes d’une salle à l’autre et s’assurer que les boissons et collations soient prêtes. Et s’ennuyer à mourir pendant les conférences !
Equipée d’un Palm Pilot, j’ai aussi enquêté au Mc Do Nice Lingostière afin de savoir par où les clients étaient venus et revoir en fonction les panneaux publicitaires et autres indications. Bon, les clients en profitaient surtout pour se plaindre de la mauvaise qualité de la nourriture ! On faisait aussi beaucoup les inventaires, chez Carrefour ou Leroy Merlin… mais compter pour la 4e fois les plinthes en bois ou les boutons de porte à 2h du matin, on s'en souvient !
Baby-sitting, colonies et NPAI
J’ai beaucoup aimé ces jobs, car outre le fait de gagner mon propre argent, ils m’ont permis de découvrir d’autres aspects du monde du travail voire de la vie en général.
Pour ma première expérience, en 3e quand ce stage n'était pas encore obligatoire, mo collège avait un partenariat avec l'usine Peugeot de Mulhouse. A 15 ans, en plein mois de février, prendre le bus à 7h du matin pour embaucher avec les ouvriers, c'est assez rude ! J'avais eu la chance d'être affectée à la forge, où ma mission avait consisté à étudier l'ergonomie d'un poste de travail. Intéressant, mais pas pour moi.
Comme beaucoup, j'ai été baby-sitter de temps en temps, et j'ai fait du soutien scolaire. Ensuite, dès mes 16 ans avec le BAFA en poche, j’ai été animatrice de centre de vacances. Après 2 colos à bosser quasi H24 en étant payée 2h par jour, je n’ai pas poursuivi dans cette voie. Les deux étés suivants, je bossais avec mon oncle Paul pour ITL (location de fichiers d’adresses pour la VPC) comme petite main administrative : participation aux plans fichiers, tri des pièges, saisie de NPAI. J’ai découvert ce qu’était une “vraie” entreprise et ça m’a vraiment plu.
Quelques lignes sur un curriculum vitae
Lorsqu’il m’est arrivé de recruter dans ma vie pro passée, je scrutais attentivement ces jobs. A CV équivalent, ma préférence allait clairement à celui ou celle qui avait bossé pendant l'été ou à côté de ses études. Plus récemment, c'est en tant que membre du jury aux oraux de l’Edhec que j'astique les étudiants sur ces passages-là de leur courte biographie.
Ces jeunes "qui n'en veulent" font pour moi de futurs collègues appréciables et appréciés car démontrant une capacité d'adaptation prouvée. Des profils un peu plus dégourdis, plus débrouillards, que les autres. De nos jours, une compétence très demandée s'il en est !
Il n'y a pas que les voyages qui forment la jeunesse... les petits jobs aussi !
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