Et je ne parle pas seulement du Stade de France en mode grandes heures du Rex lors de la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques dimanche 8/09 au soir !
Cet été, Paris n’a pas été “une” fête… Paris a été “LA” fête… La fête ultime pendant les Jeux Olympiques ! La fête du sport, mais pas seulement : la fête tout court !
Oui, les franciliens ont subi beaucoup de désagréments depuis plus de 6 ans, oui on a été bien emmerdés par les travaux, la mise en place des sites éphémères, le prolongement de la ligne 14. Mais le jeu en vaut 1000 fois la chandelle !
Non, je ne fais pas partie de ceux qui avaient fui Paris en juillet puis se sont repentis… Bien au contraire, j’attendais ces Jeux depuis l’annonce de leur obtention en 2017. J’ai pris mes billets dès la mise en vente (au 2e passage, des billets individuels). J’ai fait partie du Club. Je n’ai pas écouté les Cassandre et les pisse-froids qui voyaient tout en noir depuis des mois: j’ai vu le verre à moitié plein et j’ai vécu ces Jeux à 200%.
J’ai été au Stade de France, au Stade Pierre Mauroy, aux Parcs: des Princes / Urbain/ des Champions, et au Club France. J’ai vécu 11 jours olympiques juste magiques.
Voici ma vision des 7 défis relevés et ceux qui ne l’ont pas été.
1er défi relevé : une ouverture fluviale et effervescente
Tout a commencé par la cérémonie d’ouverture complètement rafraîchissante et bluffante, sur le thème d’un Paris actuel et libéré. Certes, j’aurai apprécié plus de stars françaises, de celles qui remplissent des stades (Mylène Farmer? Soprano ? M Pokora ?) mais ce fut un magnifique défi technique, logistique, et artistique bien sûr, sublimé par la pluie.
J’ai vu la touche un peu barrée de Daphné Bürki (je pense que Gojira était son idée), j’ai imaginé tout le RN en PLS quand Aya Nakamura a chanté avec la Garde Républicaine, j’ai kiffé Sofiane Pamart et Juliette Armanet, j’ai vibré avec Céline, je me suis dit "Why not" devant Lady Gaga, j’ai ri en découvrant le Schtroumpf Katerine, j’ai trouvé un peu longuette la séquence des drags queens.
Je me suis demandé pendant 3h qui était le personnage masqué qui yamakasait sur les toits de Paname. Je me doutais que cette équipe qui comptait Fanny Herrero et supervisée par Thomas Jolly ne pouvait que nous épater, et la réalité a dépassé le rêve !
Ce grand spectacle mêlant les tableaux aux références multiples et le défilé des athlètes sur les bateaux-mouches au milieu de la Seine a donné le ton d’une quinzaine complètement folle !
Des défis colossaux ont été relevés avec panache.
“Tout le monde savait que c'était impossible. Un ignare ne le savait pas : il l'a fait” (Marcel Pagnol).
2e défi relevé : une identité visuelle et une direction artistique magnifiques
On a beaucoup parlé de la direction artistique des cérémonies, mais peu finalement de celle de l’ensemble des Jeux. Et pourtant, l’identité visuelle créé par Joachim Roncin est une vraie réussite en elle-même et a participé au succès de ces Jeux ! Les couleurs modernes transmettent l’énergie, entre les 2 verts ; le profond et le pétant, le violet apaisant et le rose devenu iconique. A le voir partout dans la signalétique des transports en commun, est-ce le secret de ce sourire retrouvé par les Parisiens ?
Cette charte visible sur tous les sites de compétition s’est bien mariée avec ce logo, initialement beaucoup moqué mais que tout le monde s’arrache finalement. Malin, créé par l’agence de design Dragon Rouge, il combine une flamme faite femme: Marianne (ou inversement, une femme faite flamme) avec l’or de la médaille tant convoitée. Pour la 1ère fois, un seul logo représente les Jeux Olympiques et les Paralympiques, au seul détail près des anneaux ou des “Agitos”.
La typographie art déco, élégante et racée, fait évidemment référence aux années 20 et aux Jeux de Paris 1924, mais tranche aussi avec les banales typos Arial & co en vogue actuellement.
Même les pictogrammes représentants les sports ont été reliftés : exit les silhouettes d’athlètes, welcome les “blasons” avec des dessins des environnements de chaque sport.
Dans cette charte assez homogène, je trouvai au départ que les mascottes Phryges détonnaient une peu avec leur rouge 1789… Et oui, à moi aussi, elles me faisaient penser à un schéma de clitoris (tu ne vois pas le rapport? Google it !) Mais finalement, à force de les voir partout, on s’habitue et elles sont tellement mignonnes avec leurs grands yeux ! Les enfants les ont adoptées massivement, et c’est tout ce qui compte. Elles sont même devenues les stars du web.
3e défi relevé : SNCF et RATP ont (enfin) collaboré !
Vu comme ça, cela paraît simple… Mais les usagers franciliens confrontés aux incohérences du manque d’incompatibilité entre les réseaux savent de quoi je parle ! RER A et B intra-muros ? Notion disparue pendant les Jeux !
De l’avis de ces mêmes franciliens ayant fréquenté les transports pour se rendre sur les sites olympiques : ils n’ont jamais été aussi fluides ! Personnel en nombre pour guider dans les échangeurs et même parfois sur les quais, formation en anglais accélérée, fréquence renforcée aux bons moments grâce aux prévisions des flux en fonction des horaires de fin des épreuves, accessibilité (un peu) améliorée… Les mobilités douces n’avaient pas été oubliées : entre les stations Velib supplémentaires et les parkings vélos géants et gardés, on pouvait aussi se rendre sur les sites en 2 roues (non motorisées).
Des moyens colossaux ont été déployés pour que le pire - si souvent prédit- n’arrive pas. Une application Paris 2024 dédiée, des informations fiables et en temps réel, et partagées avec les applis tierces comme City Mapper : aucun couac n’est à relever sur ce volet.
4e défi relevé : de la fluidité sur des sites olympiques accueillants et conviviaux
Certains ont peut-être encore en tête le méga cafouillage autour du Stade de France pour la finale de la Ligue des Champions en mai 2022. Il a certainement servi de leçon au Stade, aux transports en commun et aux forces de l’ordre car aucun incident de ce type n’a été relevé autour des 30 sites !
Tous les détenteurs de billets recevaient des notifications via l’application Paris 2024, appelant notamment à arriver tôt (1h30) avant le début des épreuves. Sur le guide spectateurs de chaque site, on retrouvait les transports à utiliser et d’autres infos utiles.
En arrivant près du site olympique, les fameux volontaires en vert, avec ou sans main rose, guidaient les spectateurs avec bonne humeur et parfois même avec humour. En nombre suffisant, bien formés, ils ont été l’huile (de coude) qui a fluidifié les parcours en renseignant les spectateurs. Ils ont aussi été les visages aimables de la France auprès des étrangers et de Paris auprès des Français. Ils ont rendu les JO possibles et si agréables, ils méritent leur médaille !
Même les policiers en faction aux abords des sites olympiques ont semblé plus joviaux que ceux qui patrouillent à Paris d’habitude ! Peut-être les renforts régionaux ?
Les billets, uniquement disponibles en version numérique sur l’application, n’ont pas eu l’air de faire l’objet d’un trafic. Les fouilles sont bien réalisées, mais sans faire perdre de temps, et pour une fois les gourdes d’eau (sauf en verre) ont droit d’entrer dans le stade … Espérons que cela va perdurer pour les matchs de foot et les concerts!! Les fontaines à eau se comptaient sur les doigts de la main, mais soulignons l’effort.
Une fois à l’intérieur des sites, la signalétique était très bien faite pour indiquer les buvettes, les stands de restauration et autres services. Chose incroyable pour des événements de cet ampleur : aucune attente ou presque (allez, 5-6 min une fois ou 2 ) pour se rendre aux toilettes des femmes !
5e défi relevé : prouver que les Français savent s’ambiancer
Une autre “French Touch” a été introduite lors de ces Jeux : l’ouverture des compétitions par les fameux "3 coups". Inspiration du théâtre, ils ont à chaque épreuve été sonnés par une célébrité, un.e athlète précédemment récompensé.e et ont renforcé la solennité du moment.
Et pendant les épreuves, pour celles qui le permettent, les musiques d’animation ou les karaokés issus d’une playlist soigneusement créé (avec pas mal de Johnny dedans) ont résonné dans les arenas.
La ferveur des salles et stades a été incroyable, les témoignages sont unanimes : l’ambiance était juste magique. Les Marseillaises du début ou des remises de médaille, les encouragements à chaque mouvement d’un.e athlète tricolore, ou même juste les applaudissements qui saluent les beaux gestes : ils n’ont pas du tout la même saveur en vrai qu’à la télévision !
Dans les tribunes, il n’était pas rare de voir certains suivre d’un œil la compétition devant leurs yeux et de l’autre une autre sur leur téléphone. J’ai vu une ambiance de folie pour un match de poule en basket féminin France-Nigéria, et même les rives de la Marne ont accueilli des cris pour le kayak et le canoé sprint. J’ai été témoin de la médaille d’argent des basketteurs en 3*3, et la Marseillaise entonnée spontanément par le public est l’un de mes moments forts.
Paris est magique !
6e défi relevé : que tous à la fête pouvaient participer
On a beaucoup (trop) entendu parler du prix des places : oui, celles à 24€ sont parties extrêmement vite, oui tout le monde ne peut pas mettre 250€ ou plus pour aller voir une “session à médaille”, oui il fallait s’y prendre tôt et s’organiser.
D’une part, personnellement j’ai payé 80€ pour la place la plus chère : le 1/4 de finale USA-Japon en foot féminin, et ça ne les valait même pas car c’est l’épreuve où je me suis le plus emmerdée - le foot c’est définitivement surcôté vs le rugby à 7, le hand, le volley ou le basket. J’ai payé 12€ pour entrer au Parc Urbain de la Concorde, on n’assistait pas aux épreuves elles-mêmes mais aux entraînements (j’ai vu ceux du basket 3*3 et du skate), et à des animations : une démo de break, un show d’Alex Jumelin en BMX flat.
Mais surtout, il était d’autre part possible de profiter de l’ambiance en regardant les matchs sur écrans géants et en profitant de moultes animations dans toutes les fanzones "Club 2024" de Paris et d’autres villes partenaires. Aller acclamer les médaillés de la veille au Parc des Champions au Trocadéro ? Gratuit. Aller voir la flamme dans la vasque aux Tuileries à la tombée de la nuit ? Gratuit.
Faire de la tyrolienne au Décathlon Playground dans le Parc des Nations (à la Villette) et rencontrer Antoine Brizard, le passeur de l’équipe de France de volley double médaillé d'or olympique ? Gratuit. Le Club France, c’était 5€ (et s’y prendre vite!) pour tester plein de sports sur les stands des fédérations, vibrer sur écran géant, voir les médaillés du jour et s'ambiancer jusque tard. D’autres “maisons des pays” à la Villette étaient gratuites (j’ai vu les championnes olympiques de beach-volley à la bouillante Casa Brazil).
Et les Jeux Paralympiques, avec des places à partir de 15€, ont également été une magnifique opportunité de se rattraper !
7e défi relevé : nous faire rêver
Je suis assez vieille pour avoir vécu (jeune) adulte la victoire de l’Equipe de France en 1998. C’était top, c’était fort, on a surfé sur la France Black-Blanc-Beur pendant des années et ça avait plutôt bien marché, c’est vrai. Mais les Jeux Olympiques de Paris 2024, c’est un -bien grand- cran au-dessus de 1998. Pendant 15 jours, la France c’était un fair-play anglais, un melting pot américain, une politesse japonaise, une conscience écolo hollandaise, … Paris a accueilli le monde, et le monde a vu Paris avec les yeux d’Emilie au lieu de ceux d’Emily (spoiler S. 4 inside).
Une ville métissée, colorée, polyglotte, souriante, accueillante, …à son image, pour peu qu’on prenne le temps de la regarder vraiment !
Paris 2024 ont été les Jeux les plus Instagrammables de toute l’ère du web 2.0. Implanter les sites olympiques au pied de monuments iconiques a été une idée de génie : non seulement les sites temporaires ont coûté beaucoup moins cher que des nouveaux stades “en dur”, mais surtout ils ont donné des images magnifiques. Les photographes professionnels et amateurs s’en sont donnés à cœur joie pour capturer les escrimeurs au Grand Palais, les beach-volleyeurs à la Tour Eiffel, les cavaliers au Château de Versailles, les skateurs, basketteurs 3*3 et breakers à la Concorde, les triathlètes dans la Seine, les cyclistes à Montmartre, les archers aux Invalides … Sans compter la voile à Marseille et le surf à Tahiti !
Les défis non relevés
la gabégie des loges et des tribunes VIP vides : je l’ai vu, vu de mes yeux vu, au Stade Pierre Mauroy, au Parc, au Stade de France : souvent lors d’épreuves de qualification féminine d’ailleurs.
Mais je ne comprends pas comment il est possible de laisser autant de sièges vides !?! Pourquoi diable ne pas avoir redonné ces places si les cols blancs qui les ont eues auprès des sponsors n’y vont pas ?! Des milliers de personnes auraient pu assister à ces matchs ! Des enfants des centres de loisirs, des équipes sportives locales, des clubs de seniors, des associations de quartier, que sais-je encore ?! J’enrage de voir comment la valeur de ces sièges a été piétinée par quelques privilégiés.
les tarifs pour boire et se restaurer : 5€ le verre de Coca (50cl)+ 2€ de consigne en moyenne, des sandwichs à 9€. Une addition à plus de 60€ par repas par famille (de 4)… Certes, ce sont des tarifs parisiens. Mais n’aurait-on pas pu faire encore un chouïa d’effort sur l’accessibilité financière à ce niveau-là ?
les tarifs des produits dérivés : déjà, les tarifs ne sont pas les mêmes selon les boutiques, ou sur le site Internet ( beaucoup moins cher). Ensuite, à 25€ la peluche 15 cm ou la casquette Made in China, on se console en se disant que ça contribue aux JOP (comme c’est bien précisé sur les étiquettes), mais ça fait quand même cher le souvenir.
le choix de certains sponsors… Coca déjà, pour commencer, vraiment? Quand on sait ce que coûte en eau la fabrication d’un soda (bien qu'apparemment ils aient fait des efforts)? Alibaba, sérieusement? Quand on connait le bilan carbone des marchandises quand elles arrivent ?
De retour au bureau à la machine à café, dans les dîners entre amis, il y a désormais 2 clans : la Team “J’y étais !”, qui a assisté à une épreuve ou à 10, qui a fréquenté un club 2024, qui a partagé pronos et émotions sur un WhatsApp, qui a encouragé, vibré, pleuré, ...
Et les autres.
Seuls les vrais savent !
Les JO sont morts, vive les Jeux Paralympiques ! Sessions de rattrapage pour les uns et derniers jours d’émotion pour les autres, ils ont été tout aussi festifs et magnifiques. Record d'affluence dans les tribunes et à la télévision, ces Jeux Paralympiques auront plus fait pour la cause que des années militantisme associatif.
Autre bénéfice collatéral dont on a moins parlé : les Français ont pu se réapproprier les symboles de la France. De la flamme au drapeau tricolore, de la Marseillaise au bonnet phrygien : les arborer n’est désormais plus l’apanage des nationalistes tristes... et p'tain, c'que ça fait du bien !
On se souviendra longtemps de ces Jeux...
Puisse la flamme qui nous a animés cet été ne jamais s'éteindre ...
Puissent les graines plantées pousser doucement,
Puissent les Parisiens garder leur bonne humeur,
Puissent des centaines de milliers d’enfants pousser les portes des clubs de sport, et s’inscrire au "ping", au volley, au hand, au basket, au judo, à la natation, à l'escrime, au taekwendo, ….
Puissent les petits et grands ne plus regarder de travers les porteurs de handicap, même si ce ne sont pas des parathlètes,
Puisse-t-on garder cet espoir dans un contexte actuel où il est si compliqué à parfois seulement entrevoir.
Puisse-t-on conserver cet élan encore un (long) moment ! Cette indéniable preuve que le Vivre Ensemble est possible lorsqu’on l’a décidé, lorsqu’on oublie les préjugés et qu’on se laisse simplement porter.
Comme l'a magnifiquement chanté Yseult lors de la cérémonie de clôture des JO : [we] did it [our] Way !
コメント